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inouïe ! ce jour-là on eut beau attendre, et attendre encore, le bouquet n’arriva pas. Je vois avec plaisir, ma bonne Henriette, que vous partagez l’étonnement, et je pourrais même dire l’indignation dont nous étions tous plus ou moins saisis. Je me souviens que votre mère était inabordable. Elle portait cependant une coiffure à la belle poule qui aurait dû la consoler de tout. On se décida à partir, il y a huit lieues d’ici à Londres, et il faisait grand jour encore lorsque nous nous mîmes en route. Moi, je galopais à côté de la voiture, car j’étais leste et fringant dans ce temps-là et j’y voyais clair. Aussi je fus le premier à découvrir le valet de chambre de lord Henri qui, immobile devant la grille, attendait le passage de la calèche pour remettre à sa future maîtresse le plus beau bouquet que j’aie jamais vu de ma vie, et que par un redouble ment de précautions galantes, il avait reçu l’ordre de ne cueillir qu’au moment où il nous apercevrait au haut de la côte, afin que les fleurs fussent données dans tout l’éclat de leur première pureté. Qui fut bien confuse ? Ce fut votre mère. Elle n’avait point cherché à dissimuler sa mauvaise humeur, et de notre côté, nous n’avions épargné ni les méchantes plaisanteries, ni les sots propos sur sa mésaventure. Elle résolut de s’en venger, non pas sur nous, qui l’avions indignement contrariée, mais sur celui qui avait tout fait et trop