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Marianne n’était pas noble comme sa maîtresse, mais elle avait sur la marquise l’avantage d’un maintien réservé et d’une figure pleine d’expression, qui inspirait le plus vif intérêt. Son front avait à-la-fois quelque chose de naïf et de majestueux. Lavater en aurait dessiné les contours expressifs, comme un type de dignité, d’intelligence et de délicatesse ; le reste de ses traits répondait bien à tout cela, et offrait en même temps une force de caractère très-remarquable ; et encore tout cet ensemble était-il délicieusement féminin.

Ce n’était pas une de ces figures comme on peut en voir chaque jour et partout. Quelle taille pourrait-on imaginer, qui pût être en harmonie avec une si belle tête ? Une forme svelte, élancée, délicate et de gracieuse proportion ; n’est-ce pas cela ? eh bien ! Marianne était ainsi ; rien de trop, rien de trop peu. Personne ne sera surpris que cette grâce et cette prestesse fussent insé parables de sa personne. Qu’elle fût en voiture ou à pied, qu’on la vît assise, debout, ou en mouvement, on ne pouvait croire que l’humble condition de suivante fût réellement celle de Marianne ; et tout le monde, le comte Adhémar surtout, s’étonnait que cette jeune fille appartînt à la marquise d’Erneville, bien que les nobles dames se plaisent souvent à choisir de très-élégantes soubrettes.

La première fois que le comte avait vu Marianne, ce fut