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ne demanda pas, lui, qui était mort dans cet hôtel ; sa vengeance le lui disait assez. Il ordonna à son cocher de tourner court et de rebrousser chemin.

Comme il passait dans une rue prochaine, il remarqua un fiacre qui s’arrêtait à la porte d’un cloître d’hospitalières.

Soit curiosité, soit instinct, La Fresnaie voulut voir qui sortait du fiacre, et, descendant lui-même aussi de la voiture qui l’emportait, il s’approcha du seuil de la porte de la maison pieuse. Il crut reconnaître, à la délicatesse et à la légèreté des formes, quelle était cette femme qui allait s’engloutir dans le saint lieu : mais, peu satisfait encore, il osa s’approcher d’elle et soulever le voile qui couvrait son visage.

C’était une enfant de dix-huit ans au plus. Elle poussa un grand cri à l’aspect de La Fresnaie, et se précipita dans les bras des sœurs, qui la reçurent et jetèrent promptement sur elle la porte du cloître.

On ne la vit plus. Elle était morte pour le monde.

« C’est bien, put se dire Alphonse, resté sur la marche première ; c’est bien : l’une au cimetière, l’autre au couvent : je suis vengé ! »

Mme Pauline-Adèle de Courcival.