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à elle plus long-temps. Garnier, rempli du désespoir le plus affreux, passa le reste de la journée sous ses fenêtres. À la nuit tombante, il causa une demi-heure avec le concierge, faute d’argent, avec la plus grande politesse. La femme-de-chambre lui entr’ouvrit la porte, et, marchant sur la patte du petit chien, il se précipita aux pieds de la belle Amélie.

Garnier, comme on l’a dit, comprenait la passion échevelée, l’amour dramatique et quantité d’autres belles choses qui sont dans nos habitudes. La dame le fit mettre à la porte après s’être laissé baiser la main.

Le lendemain, contre toute attente, il fit un beau soleil ; Garnier, enivré de langueur, envoya chez la dame orange ; il lui demandait un rendez-vous, qui lui fut accordé. À quatre heures il monta à cheval ; le rendez-vous était pour neuf heures. La dame orange parut au bois. Ses yeux étaient à demi fermés pour indiquer la fatigue d’une nuit de remords ; elle s’était penchée beaucoup plus que de coutume dans le fond de sa voiture, et le peu de rouge qu’elle avait, marquait la crainte et l’espérance.

Il arriva qu’un groupe de jeunes gens qui, la veille au soir, s’étaient jetés la dame orange à la tête, dans un cotillon de deux heures et demie, s’arrêta autour de sa voiture. Elle avait dansé comme un ange ; sa parure était la plus délicieuse du monde, et Garnier,