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sante offrait aux regards d’une femme ce disgracieux personnage, qui, du reste, cachait de la jeunesse sous ses rides amassées avant le temps, et de ses yeux mal assurés dans leur orbite lançait parfois d’étincelans rayons.

Après les politesses d’usage, la conversation s’engagea sur la littérature que ce jeune homme cultivait en âme passionnée, et, de la littérature, madame Dalbon fit tourner le dé vers le but auquel elle en voulait venir, vers l’amour, cet éternel sujet d’entretien de toutes les femmes, même de celles qui n’ont pas un cœur pour aimer.

« À votre âge n’avoir pas encore connu l’amour ! mais savez-vous, dit Émeline, que vous êtes le premier homme qui m’ayez fait un tel aveu ?

— C’est une amère satire que vous m’adressez là, madame, répondit Alphonse, en soulevant malgré lui sa paupière vers une glace qui se trouvait devant ses yeux.

— Je ne vous comprends pas, » reprit en dissimulant la jeune femme.

Et, glissant rapidement sur la réflexion de son interlocuteur, elle ajouta toujours en s’étudiant à maîtriser son sourire :

« Je vous tiendrai pour un artiste incomplet, tant que vous n’aurez pas connu cette passion sans laquelle il n’y en a pas d’autres : l’amour.

— Ah ! voilà bien les femmes ! répondit sérieusement La Fresnaie. Vous croyez qu’il n’y a pas d’autre véritable