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MOUVEMENT DE LA POPULATION

d’Istria, originaire de Corfou, qui, comme ambassadeur de l’empereur de Russie auprès de la Diète helvétique et comme délégué russe au congrès de Vienne, en 1814, avait pris en mains la cause du canton de Vaud ; 2o en 1843 à William Haldimand, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre et ancien membre du Parlement britannique, de nationalité anglaise, originaire d’Yverdon, en témoignage des utiles fondations dont il s’était plu à doter Lausanne (buanderie, asile des aveugles, église d’Ouchy, etc.) ; 3o en 1862 à Mme Catherine de Rumine, née princesse Schakowskoï, d’origine russe, ainsi qu’à son fils Gabriel ; cette femme au cœur généreux s’était établie à Lausanne vers 1840 et s’était attirée la reconnaissance publique par ses libéralités ; 4o et 5o, en 1903, à l’occasion du premier centenaire de l’indépendance vaudoise, à MM. les docteurs Marc Dufour et César Roux, qui, le premier comme oculiste, le second comme chirurgien, se sont acquis une célébrité européenne et ont contribué par leurs talents à faire de Lausanne un séjour particulièrement recherché des étrangers.

Les origines du droit de bourgeoisie, dit Ernest Chavannes dans ses notes sur les manuaux[1], sont assez obscures. Au moyen âge, comme c’était le cas dans beaucoup d’autres villes, tout homme ayant demeuré « an et jour » à Lausanne était réputé bourgeois, mais cette qualité n’était pas héréditaire. Il en était encore ainsi en 1516, comme cela résulte d’une lettre du conseil de la ville de Lausanne à celui de la ville d’Évian. Mais des abus s’étaient évidemment produits ; avec ce système les malfaiteurs affluaient à Lausanne comme en un lieu d’asile. Il fallut y mettre ordre. Des restrictions furent apportées au système des admissions à la bourgeoisie : on ne considéra, semble-t-il, comme bourgeois que les habitants possédant une maison ; et ceux-ci devaient payer une certaine somme pour être admis à la bourgeoisie. La distinction entre bourgeois et habitants n’apparaît pas distinctement. Il n’était pas nécessaire d’être bourgeois pour revêtir des charges publiques. C’est ainsi que le jurisconsulte Gérard Grand, et l’hôte de l’auberge du Lion, Etienne Grand, qui, comme syndics, eurent une grande part aux négociations relatives au traité de combourgeoisie avec Berne, ne sont jamais qualifiés de bourgeois ; Nicod Bergier, qui avait été attaché à la cour du prince-évêque comme chirurgien et qui figure comme membre du rière Conseil en 1536, ne fut reçu bourgeois qu’en 1545. La taxe variait alors entre 5 florins et 20 écus d’or (soit de 12 francs à 400 francs si l’on tient compte de la valeur de l’argent).

À cette époque, on procéda à un recensement des différents quartiers de la ville ; 264 personnes, dont 58 propriétaires, furent admis à la bourgeoisie. Ceux qui ne payèrent pas la taxe furent assuffertés, c’est-à-dire qu’ils reçurent des permis de séjour, mais sans droit de bourgeoisie.

En 1568, alors que commencent à arriver de nombreux réfugiés quittant leur pays pour cause de religion, LL. EE. de Berne engagent les « nobles, honorables, prudents, très chers et féaux Bourgmestre et Conseils de la ville de Lau-

  1. Voir Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande, t. xxxvi.