Page:Collectif - Lausanne à travers les âges, 1906.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
PERCEMENT DU SIMPLON

Il est à remarquer que les Lausannois ne font point du tout opposition au percement de la Faucille. Ils n’ont point entrepris de campagne contre l’établissement de cette ligne ; ils ne sont pas jaloux des avantages que le commerce genevois pourra retirer du percement de la Faucille, et ne songent pas davantage à s’opposer au percement du Lœtschberg ou du Wildstrubel ; ils se bornent à demander l’amélioration de voies
Hôtel des Postes (1901).
existantes pour lesquelles le canton de Vaud et la ville de Lausanne ont fait de grands sacrifices. Ils ont été reconnaissants de ce que les Chambres fédérales sont entrées dans leurs vues et souhaitent que leurs voisins de Genève obtiennent à leur tour le percement de la Faucille et les Bernois le rattachement du réseau de l’Oberland à celui du Valais.

Lorsque le Mont-d’Or et la Faucille seront tous les deux percés, les voyageurs à destination de l’Italie choisiront librement entre les 39 1/2 km. de souterrains qui relieront Lons-le-Saunier à Genève, et le tunnel de 6 1/2 km. du Mont-d’Or. Pour le transport des marchandises, il se fera également un triage, celles à destination de Genève et environs prendront la voie de la Faucille ; celles à destination de Lausanne et environs prendront la voie de Vallorbe.

    — paraît avoir laissé à dessein cette question dans l’ombre. On n’osait pas aborder cette importante face du problème. D’un côté, on faisait sonner bien haut, en Suisse, que la contribution de vingt millions, promise par le gouvernement genevois, ne serait acquise que si le trafic du Simplon est acheminé par la rive droite du lac ; d’autre part, on ne peut raisonnablement s’attendre à ce que le gouvernement français s’impose de lourds sacrifices et fasse abstraction des intérêts du département de la Haute-Savoie. On voudrait nous engager à renoncer au percement du Mont-d’Or, — c’est la même tactique qu’il y a cinquante ans, — puis, une fois la question engagée, le comité genevois expliquerait sans doute que, malgré tous ses efforts, il ne lui a pas été possible d’obtenir du P.-L.-M. l’engagement ferme que le trafic à destination du Simplon suive la rive droite du lac.

    Il n’y a qu’une manière de sortir de cette impasse, c’est de percer d’abord le Mont-d’Or, puis la Faucille, et de relier à Genève les gares de Cornavin et de Vollandes pour donner satisfaction à la Savoie. Encore une fois les Vaudois ne prétendent point bénéficier seuls des avantages que doit procurer l’ouverture du tunnel du Simplon. Peut-être objectera-t-on qu’il n’est pas possible, financièrement, de construire les deux lignes ; si c’est là l’objection, il fallait la faire ouvertement, il y a trois ans, aux Chambres fédérales, et ne pas approuver le percement du Mont-d’Or avec l’arrière-pensée de s’opposer à son exécution. On ne voit pas pourquoi le canton de Vaud, qui a déjà consacré des subsides s’élevant à plus de cinq millions et demi en faveur de la ligne d’Iselle à la frontière du Jura, renoncerait aux avantages qui lui ont été assurés par les Chambres fédérales et par les voies existantes, au profit d’un canton voisin, dont la contribution à la construction de la voie du Simplon ne s’élève pas à un demi-million.

    La contribution de Genève au Simplon était primitivement d’un million ; mais, par suite du rachat, son versement a été réduit à 408 000 francs. La contribution du canton de Vaud au Simplon était de 5 780 000 francs ; elle a été réduite à 2 358 000, à quoi il faut ajouter 3 150 000 francs versés à fonds perdus, il y a plus de trente ans, pour la ligne de Jougne, dont l’amélioration est demandée aujourd’hui. Cela fait, comme sacrifices effectués par les Vaudois, 5 508 000 francs contre 408 000 de sacrifices effectués par Genève, ou, si l’on prend les contributions souscrites primitivement, on constate que le montant des engagements des Vaudois s’élevait près de 9 millions (exactement 8 930 000) et celui des engagements des Genevois à 1 000 000. Ces chiffres en disent plus que bien des raisonnements.