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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

ment cette demande. Dans la séance du Conseil national du 8 décembre 1902, l’un des membres du Conseil d’État de Genève, M. Henri Fazy, a dit, textuellement : « Le gouvernement de Genève ne fait pas opposition à la concession du Frasne-Vallorbe, pourvu que la Faucille soit assurée d’un traitement aussi favorable. »

Cette assurance fut donnée aux Genevois par M. Comtesse, qui au nom du Conseil fédéral, fit la déclaration suivante : « Nous avons la ferme intention de traiter les divers projets de lignes d’accès au Simplon avec le même esprit d’équité, en leur accordant aux uns et aux autres le même appui ; mais nous ne pourrons le faire que lorsque ces projets se présenteront, accompagnés d’études techniques et de justifications financières suffisantes, et avec la réserve, en outre, qu’ils présenteront aussi les garanties nécessaires pour la sauvegarde des intérêts suisses. » Un autre conseiller national de Genève, M. Gustave Ador, fit un éloquent plaidoyer en faveur du percement de la Faucille, qu’il termina par ces mots : « Genève ne veut se substituer à personne, mais s’asseoir à la table commune et bénéficier des bienfaits du Simplon. » Et, comme un député de la Suisse allemande, M. Bucher, de Lucerne, proposait le renvoi de la discussion, l’un des porte-parole de la députation genevoise, M. Fazy, parlant au nom de ses collègues dit : « La députation de Genève s’abstiendra de voter sur la proposition de M. Bucher, parce qu’elle voudrait écarter tout ce qui pourrait être considéré comme une opposition au Frasne-Vallorbe[1]. »

Lorsqu’on en vint aux voix, le 9 décembre 1902, quelques députés du centre de la Suisse (groupe de Gothardistes), qui avaient soulevé des objections au cours de la discussion, se rallièrent aux propositions du Conseil fédéral, qui furent votées à l’unanimité, moins une, des voix des membres présents. Cette unique voix discordante était celle d’un Bernois (M. Dürrenmatt).

L’attitude officielle de la députation genevoise avait été tout à fait correcte et avait produit une excellente impression. Il ressortait de la discussion, notamment des discours des deux rapporteurs du Conseil national, MM. Hirter, de Berne, et Gaudard, de Vevey, que la concession accordée par les autorités fédérales pour la ligne de Frasne-Vallorbe ne constituait pas un privilège et ne faisait pas obstacle à l’octroi dans les mêmes conditions d’une concession analogue que pourraient demander les Genevois pour relier leur ville plus directement à Paris.

On pouvait s’attendre à ce que le comité de la Faucille, qui s’était formé à Genève, chercherait à atteindre son but en respectant les décisions de l’Assemblée fédérale.

Malheureusement tel ne fut pas le cas : le comité genevois mit au contraire tout en œuvre pour obtenir du Paris-Lyon qu’il renonçât à demander aux autorités françaises la concession du Frasne ou de La Joux-Vallorbe, ainsi qu’il s’y était engagé envers le Jura-Simplon par la convention soumise aux Chambres

  1. Voir Gazette de Lausanne du 9 décembre 1902.