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PERCEMENT DU SIMPLON

le 7 mai 1855 ; pour celle de Morges-Renens-Bussigny, le 1er juillet 1855 ; pour celle de Lausanne à Renens et de Morges à Bussigny, le 5 mai 1856.

Les idées avaient marché depuis 1838 et 1846 : on comprenait que les chemins de fer devaient avoir leur vie propre, qu’ils n’étaient pas seulement destinés à relier les lacs et les cours d’eau.
Cliché Armand Morel
Cascade du Flon (forêt de Sauvabelin).
Des échanges de vues eurent lieu entre les représentants des cantons de Vaud, de Genève, de Berne et de Fribourg, qui adoptèrent à Berne, le 2 décembre 1852, une convention en vue de l’établissement d’un chemin de fer entre Genève et Berne passant par Morges, Yverdon, Estavayer, Payerne, Morat et Laupen. Ce tracé s’écartait de celui qu’avait conseillé l’ingénieur Stephenson, pour tenir compte des intérêts de la ville de Berne.

La compagnie de l’Ouest suisse s’empressa de solliciter la concession nécessaire à l’exécution de ce programme. Genève la refusa, et préféra donner le tronçon de Genève à Versoix (11 km.) à la compagnie Lyon-Genève[1], qui, en échange, la tint quitte de la somme de 1 500 000 francs, qu’elle s’était engagée précédemment à lui payer pour la construction de la gare de Genève. C’était céder son droit d’aînesse pour un plat de lentilles. Le canton de Fribourg demanda de nouvelles études, en vue de faire passer la ligne près de la ville de Fribourg ; il en fit une condition de la concession qui lui était demandée. La ville de Lausanne, qui avait été précédemment évincée, souscrivit, ainsi qu’on l’a vu plus haut, douze cents actions de la compagnie de Lausanne-Oron-Fribourg-Berne.

  1. Cette ligne fut dans la suite, rétrocédée à la Compagnie de Lausanne-Fribourg-Berne, mais la gare de Genève est demeurée propriété du Paris-Lyon-Méditerranée. Si la Faucille se perce, elle devra être reliée à la gare de Volandes-Annemasse, pour mettre Paris en rapports directs avec Évian et Saint-Maurice, et le croisement à Genève des deux lignes internationales Berlin-Marseille et Paris-Milan en fera une des plaques tournantes de l’Europe. Dans ces conditions, la Confédération devra nécessairement mettre pour condition au percement de la Faucille la rétrocession de la gare de Genève aux chemins de fer fédéraux. Car il n’est pas admissible qu’un canton-frontière soit traversé de part en part par une ligne de chemin de fer exploitée par une compagnie étrangère et dépendante même d’un État voisin. On ne paraît pas redouter à Genève l’immixtion de l’étranger dans les services publics ; c’est ainsi, en effet, qu’il y a quelques années encore, l’État a concédé le réseau des tramways et des chemins de fer régionaux à une compagnie américaine.