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PROMESSES FAITES PAR LL. EE. — LE MAJOR DAVEL

Les réfugiés français conservaient pour la plupart leur situation d’étrangers, un tiers seulement (513) acquirent la bourgeoisie de Lausanne ; d’autres retournèrent plus tard en France ; d’autres furent incorporés à la bourgeoisie de Lausanne en 1860.


XI

Promesses faites par LL. EE. — Mesures de rigueur prises à l’égard du Clergé. — Manifeste du major Davel.

Au moment du danger, à l’époque de la guerre des paysans, LL. EE., dont l’autorité était très ébranlée, avaient, comme il a été dit plus haut, demandé la levée des contingents vaudois.

En 1653, le Bourgmestre de Lausanne, Jean-Pierre Polier, convoqua, à Lausanne, les députés de la noblesse et des villes. Cette reconstitution des anciens États de Vaud[1], qui ne s’étaient plus réunis depuis 1622, fit concevoir aux Vaudois des espérances qui les déterminèrent à fournir les secours demandés. L’assemblée fut orageuse ; plusieurs députés firent ressortir ce qu’il y avait d’anormal à prêter main forte contre les communes allemandes qui luttaient pour le maintien de leurs franchises. Le Bailli de Lausanne promit, au nom de LL. EE., que les charges seraient allégées, les privilèges des villes augmentés, et le droit d’assemblée reconnu au pays de Vaud. Sur la foi de ces engagements, cinq mille Vaudois franchirent l’Aar et tirèrent, naïvement, leurs seigneurs et maîtres de la fâcheuse situation où ils s’étaient mis. Une fois le péril passé, les promesses furent oubliées.

LL. EE. étaient très rigides en matière de doctrine. Elles exigèrent en 1679, des professeurs de l’Académie et des pasteurs l’adhésion à un formulaire théologique qui souleva une très vive opposition. Elles usèrent de rigueurs excessives à l’égard du clergé, dont plusieurs membres firent preuve d’un courage et d’un esprit d’indépendance qui fait le plus grand honneur au corps pastoral vaudois.

Les Bernois administraient avec soin leurs forêts et leurs domaines, mais ils se préoccupaient très peu du bien-être de leurs administrés : les écoles étaient négligées, les routes laissaient beaucoup à désirer, et, de plus, elles étaient très peu sûres, en sorte que les villes du pays n’avaient guère de relations les unes avec les autres : leur isolement rentrait dans le plan de la politique bernoise. On n’osait pas traverser le Jorat sans être accompagné d’une forte escorte ; les malandrins de tout pays se cachaient dans les forêts et guettaient les voyageurs ; ils tuaient pour un profit minime. En 1550 Félix Platter, en 1696 l’historien Abraham Ruchat avaient failli devenir leurs victimes. En 1702 et 1703, vingt-trois de ces brigands furent roués vifs à Vidy. Pour ramener à de meilleurs sentiments la population de cette contrée, LL. EE. appelèrent au poste de pasteur de Savigny

    par Jules Chavannes, sous ce titre : « Une école de théologie des temps passés. »

  1. Depuis la conquête cette assemblée se réunit douze fois : en 1570, 1590, 1591, 1594, 1595, 1603, 1608, 1609, 1613, 1621, 1622 et 1653.