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PROCLAMATION DE LA TRÈVE-DIEU

exercent une action, parfois décisive, les événements qui se passent au delà de leurs frontières, les Lausannois, comme les Vaudois, demeurent simples spectateurs des grandes luttes du moyen âge. Il faut dire, pour expliquer leur passivité, que, tandis que les Confédérés avaient à se défendre contre les empiétements de la maison de
Porte Saint Maire, démolie en 1890.
Habsbourg, les communes vaudoises vivaient heureuses, sous la domination paternelle de leurs évêques et sous celle du comte Thomas Ier et de ses successeurs. Dès le douzième et le treizième siècle elles jouissaient d’une large autonomie. On a vu plus haut que les franchises de Lausanne remontent à l’année 1144. La charte de Villeneuve lui fut accordée en 1214 par le comte Thomas Ier ; celles de Vevey et d’Aubonne datent de 1236 ; celle de Payerne (dont l’origine doit probablement remonter aussi au comte Thomas Ier), de 1283 ; celle de Moudon, de 1286 ; celle de Grandson, de 1293, etc. Dans ces chartes des notions élémentaires de droit civil se trouvent mêlées aux questions de droit public. Ces franchises sont ainsi contemporaines du mouvement qui aboutit, dans la Suisse allemande, au pacte de 1291 ; quelques-unes sont même antérieures à la charte de Schwytz, donnée par Frédéric II en 1240.

Quelques événements capitaux, qu’il convient de rappeler, se passèrent sous les yeux des Lausannois.

Ce fut, en 1036 (ou 1037), la proclamation de la Trêve-Dieu. En ces temps difficiles, les exactions, le pillage, la guerre régnaient à l’état permanent. L’auteur de la chronique du couvent de Romainmôtier, parlant des méfaits d’Adalbert de Grandson et de ses vassaux, s’écrie avec un accent de désespoir : « Il est impossible de dire tout le mal qu’ils nous ont fait ! »

L’Église, dont on dit souvent tant de mal, — il sera bien permis de relever le fait à son actif, — l’Église voulut mettre fin à cet état de choses. Suivant l’exemple des prélats du Midi de la France, les archevêques de Besançon, de la Tarentaise, de Vienne en Dauphiné, les évêques de Bâle, Belley, Genève, Saint-Jean-de-Maurienne, Aoste et Sion, répondant à la convocation de Hugues de Lausanne, se réunissent au pied de la colline de Montriond, non loin d’Ouchy ;