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à l’abri des intempéries, mais la location des places serait forcément beaucoup plus élevée. Pour compenser la hausse des prix, il faudrait tenir marché ouvert tous les jours, les paysannes n’auraient plus suffisamment de denrées pour garnir leurs corbeilles ; elles ont, du reste, d’autres travaux qu’elles ne peuvent abandonner. L’approvisionnement de la ville passerait entre les mains d’intermédiaires : ce serait une révolution économique, dont pâtiraient les campagnards de la banlieue.


V


Sociétés militaires. Sport. Club alpin.

Lausanne possède plusieurs sociétés militaires. Elle est le siège de la Société vaudoise des officiers, de la Section lausannoise de la Société fédérale des sous-officiers, qui travaillent avec zèle à l’étude des questions militaires. Mentionnons aussi l’Abbaye des grenadiers, la Société romande des armes spéciales qui a sa réunion annuelle le jour de sainte Barbe, patronne des artilleurs, la Société de tir aux armes de guerre, et la Société des carabiniers, dont le banquet annuel est un événement pour toute une partie de la population ; plusieurs hommes d’État, Louis Ruchonnet entre autres, l’ont honorée de leur présence et y ont prononcé de retentissants discours.

Les sports sont en honneur à Lausanne. Le manège Dufour est une excellente école d’équitation, la Société d’escrime donne chaque année de jolies soirées, où les meilleures lames de Genève, de Berne et de Neuchâtel viennent se mesurer avec les Lausannois. Mentionnons aussi le Rowing-Club, le Lawn-tennis club, les clubs de Foot-ball, ainsi que les deux principales sociétés de gymnastique, qui sont la « Bourgeoise » et les « Amis gymnastes. » Ces sociétés ont remporté des prix dans les concours internationaux (Paris, Mâcon, Besançon, Alger) ; c’est un joli spectacle que de voir ces gymnastes s’exercer en cadence au son de la musique ; cela fait penser aux jeux antiques des jeunes Grecs.

Pour terminer cette longue énumération, rappelons encore le rôle utile joué en Suisse par le Club alpin, qui a facilité les ascensions en construisant des cabanes en participant à l’organisation des corps de guides et en publiant des cartes. Disposant d’un budget d’une certaine importance, le Club alpin suisse a entrepris des études scientifiques ; il a fait procéder à des mesurages pour constater les mouvements d’avance et de recul du glacier du Rhône. Le professeur Le Fort caractérisait ainsi les principaux clubs alpins de l’Europe. Pour les Anglais, le but poursuivi c’est la difficulté à vaincre ; pour les Allemands, c’est la recherche scientifique ; pour les Français, peuple éminemment sociable, c’est l’occasion de se rencontrer ; pour les Suisses, c’est l’attrait de la belle nature. En ce qui concerne la section vaudoise du Club alpin, « la section des Diablerets » nous croyons que c’est bien là la note dominante.

Le Vaudois, en effet, est sentimental ; le spectacle de la montagne l’émeut, et il s’y attache. Lorsque le touriste parvenu sur une haute cime sonde du regard