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III


Institutions philanthropiques.

En sa qualité de capitale du canton de Vaud, Lausanne est le siège de plusieurs établissements hospitaliers cantonaux ; mais l’officialité n’a point été seule à se préoccuper de la nécessité de venir en aide aux faibles et aux malheureux : l’initiative privée a secondé, et souvent précédé, l’action de l’Etat dans le domaine de la solidarité. Il ne nous est pas possible de présenter ici un tableau complet des efforts faits pour la solution des problèmes sociaux ; nous devons nous borner à quelques indications sommaires. Constatons que la plaie de la mendicité, qui déshonore tant de grandes et de petites villes, dans les pays qui nous entourent, n’existe pour ainsi dire pas à Lausanne. Cela tient en partie à l’aisance générale qui y règne, et à l’éducation donnée à la jeunesse, en partie à la fermeté de la police, et en partie aussi au zèle déployé par nos institutions charitables, ainsi qu’au discernement avec lequel elles remplissent leur mandat.

Ainsi qu’on l’a vu plus haut, les conseils de Lausanne avaient fait édifier, en 1766, au haut de la Mercerie un bel hôpital. Cette construction faite à l’instigation du Dr Tissot, occupait la place d’un ancien établissement analogue, dédié naguère à la Vierge Marie, qui existait déjà sous l’épiscopat de Guillaume de Champvent. Les services hospitaliers rentrant dans les attributions cantonales, l’État acheta de la ville, le 12 août 1806, son hôpital, et y installa les malades, les aliénés, les détenus, et les établissements de discipline pour jeunes gens et pour jeunes filles. On ne tarda pas à s’apercevoir des inconvénients résultant de la réunion, sous un même toit, de tant de misères physiques et morales, et en 1810, un hospice spécial pour aliénés fut aménagé dans le bâtiment du Champ-de-l’Air, sur la route de Berne. Quelques années après, un Pénitencier, qui passa longtemps pour un modèle du genre, fut construit sur la route de Chailly ; il fut inauguré en 1827. En 1847, une Colonie disciplinaire pour garçons fut créée aux Croisettes, et en 1869 une semblable pour jeunes filles fut établie à Moudon.

L’hospice du Champ-de-l’Air fut bientôt insuffisant pour le nombre des malades qu’il était appelé à recevoir ; il était du reste déplorablement installé. Des établissements beaucoup mieux compris, dus à l’initiative privée, avaient été créés à Préfargier et à Nyon. Le gouvernement vaudois ne voulut pas rester en arrière ; il acheta de M. Duvergier de Haurannes le beau domaine de Cery, situé à 4 kilomètres de Lausanne ; il y fit construire un Asile d’aliénés pouvant recevoir 500 malades, répondant à toutes les exigences de la thérapeutique moderne, qui fut inauguré en 1873.

En dépit des éliminations que l’on vient d’indiquer, l’hôpital de la Mercerie présentait de graves inconvénients, dont le principal était de se trouver au centre de la ville, dans un quartier bruyant et d’un accès difficile. Les malades qui l’occupaient furent provisoirement transférés au Champ-de-l’Air en 1873 et définitivement en 1883 dans des bâtiments construits ad hoc un peu au-dessus