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conseiller et médecin du Roy de France et de Navarre, daté du 5 avril 1597. Quelques années après sa mort, ses œuvres furent réimprimées en latin, à Lyon en 1641, et à Francfort en 1646. G. Fabrice avait été sollicité de venir à Lausanne par un autre praticien de marque, le chirurgien Jean Griffon, originaire de San Minato en Toscane, né vers 1544, qui s’était lui aussi fait une réputation dans l’art de guérir. Griffon s’établit à Genève en 1584 et se retira au Pays de Vaud en 1592. Guillaume Fabrice avait épousé une Genevoise Marie Colinet, qui était une habile accoucheuse. Ce fut elle qui la première eut l’idée d’extraire de l’œil des paillettes de fer au moyen d’un aimant.

Parmi les médecins qui ont marqué à Lausanne au dix-septième siècle, M. le Dr J. Morax[1] mentionne encore Abel Roux, qui s’établit à Neuchâtel en 1600 et se fixa en 1602 à Lausanne, dont il était originaire ; Jean-Pierre Dapples, né en 1616, qui cumulait la profession de médecin avec une chaire de grec et de morale à l’Académie, fils de médecin, il eut six descendants ou neveux qui exercèrent la médecine ; J. Constant de Rebecque (né en 1635 — † en 1731), médecin et pharmacien, auteur entre autres d’un « Essai de la pharmacopée de Suisse[2] ». Ph. R. Vicat (né en 1720 † en 1783), membre correspondant de l’Académie royale de Gœttingue, pratiqua la médecine à Payerne et à Lausanne et se fit connaître au dehors par ses écrits. Nous avons vu, plus haut, dans notre aperçu historique, la grande vogue qu’avait, au dix-huitième siècle, le Dr Tissot (né en 1728, † en 1797) ; il réussit à se faire une clientèle tout à fait exceptionnelle, et retint à Lausanne de nombreux étrangers de marque. Les services qu’il rendit au pays lui valurent le titre de professeur de médecine de l’Académie de Lausanne, titre honorifique, car il n’y avait pas alors, dans notre ville, de faculté de médecine.

La même marque de haute estime fut donnée, en 1841, au Dr Mathias Mayor (né en 1775, † en 1847), qui pratiqua avec éclat l’art de la chirurgie à Lausanne dès l’année 1803. Il rendit de grands services comme chef du service de chirurgie à l’Hôpital cantonal, comme membre du Conseil de santé, et comme professeur d’obstétrique à l’Ecole des sages-femmes. Il s’efforça de simplifier les procédés de la chirurgie. On lui doit plusieurs découvertes importantes, qui, vulgarisées par ses écrits, lui ont valu une grande réputation en Europe et en Amérique.

Après la mort de Mathias Mayor, l’attraction que Lausanne exerçait au point de vue médical subsista, en se modifiant. Un oculiste de talent, le Dr Frédéric Recordon (né en 1811, † en 1889), s’y établit en 1840 ; bientôt de tous côtés

  1. Cadastre sanitaire. Statistique médicale du canton de Vaud, contenant la climatologie, l’ethnologie, la démographie, les causes de décès, les épidémies, les institutions sanitaires, les établissements hospitaliers, la liste et la biographie des Médecins du Pays et du Canton de Vaud par le Dr Morax, chef du service sanitaire du canton de Vaud, membre de la Commission médicale suisse, Lausanne, 1899, Librairie F. Rouge & Cie. C’est un ouvrage qui abonde en renseignements d’un haut intérêt
  2. Cet ouvrage, écrit en latin et dont la traduction française parut à Lausanne et à Berne en 1709, est curieux à feuilleter, même pour les profanes ; on y trouve l’indication d’une série de recettes bizarres ; on y constate entre autres l’emploi de sécrétions humaines et de matières empruntées au corps humain vivant ou mort, dans la composition des remèdes, auxquels avaient recours les médecins de la génération qui a précédé Tissot.