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1891, fut, pareillement, précédée d’une solennité religieuse à la cathédrale. En 1898 et 1903, lors des fêtes commémoratives de l’indépendance vaudoise, des services d’actions de grâces ont été aussi célébrés à la cathédrale, qui se trouve ainsi liée à toutes les grandes manifestations de notre vie nationale. La cathédrale se voit à plusieurs lieues à la ronde ; son clocher et sa flèche qui se profilent sur le ciel sont chers au cœur des Vaudois, et c’est sans hésitation que le Grand Conseil, mû par un sentiment de piété nationale, fait les sacrifices nécessaires à sa conservation.

Les premiers fondements de l’édifice paraissent devoir remonter aux environs de l’an mille, sous l’épiscopat d’Henri de Lenzbourg, qui, dit le Cartulaire de Lausanne, fut enseveli dans l’église qu’il avait lui-même fondée. Trois incendies, en 1219, 1235 et 1240, détruisirent presque entièrement ce premier édifice. L’évêque Jean de Cossonay organisa des quêtes dans les pays voisins, et, grâce aux indulgences accordées, par le pape Innocent IV, aux fidèles qui participèrent par leurs dons à la reconstruction du sanctuaire, une nouvelle cathédrale put être inaugurée, ainsi qu’il a été dit plus haut, en 1275. Peu avant la Réforme, Aymon de Montfalcon exécuta d’importants travaux dans la partie occidentale de l’église. C’est de cette époque que date le grand portail en style flamboyant qu’on a restauré ces dernières années. Les plus belles parties de la cathédrale sont la rose, le porche des apôtres, la grande nef, le déambulatoire et l’abside. « La lumière qui, de la rose, se répand dans cette partie de l’église (le chœur), dit l’historien Vulliemin[1], s’y brise en mille reflets et en mille arcs-en-ciel, rayonnements divers, brillantes apparitions, messagers d’un monde supérieur. La verrière qui transforme les rayons du jour et leur prête ses vives couleurs est tout un poème ; on y voit retracée l’œuvre du Créateur : le soleil sous la figure d’un jeune homme, conduisant un char ; la lune, sous l’image d’une femme, couronnée d’argent ; les saisons, les douze mois de l’année et les signes du zodiaque ; puis les fleuves du paradis, les vents personnifiés et tous les êtres fantastiques dont l’imagination des âges de l’enfance de l’humanité a peuplé des contrées merveilleuses ; ce sont des cynocéphales, des blemmyes ; c’est un pigmée combattant un géant ; enfin se montre le Sauveur que Jean-Baptiste désigne comme tel à l’assemblée. »

Ce chef-d’œuvre, dont M. le professeur Rahn[2] a fait ressortir la très grande valeur artistique et archéologique, n’est malheureusement pas visible en ce moment : la maçonnerie menaçait ruine ; il a fallu enlever les vitraux, les réparer ;[3] mais nous avons l’espoir de les voir avant longtemps remis en place.

La cathédrale renferme plusieurs tombeaux intéressants, le plus remarquable est le mausolée d’Othon de Grandson. On a longtemps cru que ce monument élégant, qui s’harmonise si bien avec son entourage, renfermait les restes

  1. L. Vulliemin, Nouveau guide de Lausanne à l’étranger et dans les environs. Lausanne, 1848.
  2. Voir La Rose de la cathédrale de Lausanne par J.-R. Rahn, professeur à l’Université de Zurich. Mémoire traduit de l’allemand par William Cart. Publié par la Société d’histoire de la Suisse romande. Lausanne, Georges Bridel, éditeur, 1879.
  3. La réparation en a été confiée à un artiste de talent, M. Ed. Hosçh, peintre verrier à Lausanne.