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a été, à bon droit, regrettée. Mieux avisé, l’Etat, en vendant, en 1885, l’ancienne douane d’Ouchy, a stipulé que sa tour serait conservée. Ce donjon est le dernier reste d’un château construit au douzième siècle par l’évêque Landry.Il y a une vingtaine d’années qu’ont disparu les vestiges du mur d’enceinte qu’on voyait encore à la rue Neuve et à la rue Enning. Il n’est pas toujours aisé, pour des autorités communales, de concilier le respect dû aux vieux monuments avec les ressources financières dont elles disposent et le développement normal d’une agglomération urbaine ; souvent elles sont attaquées très vivement par des gens simplistes, et qui, dans une question complexe, ne savent voir qu’une seule face.

Il y a dix ans que les édiles lausannois, appuyés par un groupe d’amis du vieux Lausanne, ont, avec succès, défendu la tour de l’Ale[1], dont la destruction était demandée par les habitants du quartier. Un comité se constitua pour sa restauration ; il y consacra une somme de 8000 francs environ. Sur la proposition de la Municipalité, le Conseil communal a acheté en 1896 l’immeuble Viret-Genton, aux Escaliers-du-Marché, pour sauvegarder la vue dont on jouit de la terrasse de la cathédrale. Plus anciennement, des arrangements ont été pris,lors de la construction de la villa des Magnolias, pour conserver la vue de la terrasse du Faucon. Le souci de l’embellissement de la ville a engagé ses autorités, à conserver, dans la mesure du possible, les vieux arbres et surtout à en planter de nouveaux. Il suffit de se reporter à vingt-cinq ans en arrière pour se rendre compte des progrès accomplis en ce qui concerne l’aménagement des avenues et des promenades publiques. Les fleurs qui décorent le quai d’Ouchy, les promenades de Derrière-Bourg, de Montbenon[2], de la Caroline, du Crêt de Montriond, les fontaines publiques et l’Hôtel de ville sont une innovation, un peu coûteuse, il est vrai, mais fort goûtée.

Le plus ancien et le plus beau monument public de Lausanne est incontestablement la Cathédrale. À ce superbe édifice se rattachent bien des souvenirs. Au moyen âge, de nombreux pèlerins se pressaient en foule dans ses parvis pour rendre hommage à Notre-Dame de Lausanne. Ce fut sous ses antiques voûtes qu’eut lieu en 1536 la dispute de religion dont il a été question plus haut. Lorsque après la révolution du 24 janvier s’établit le régime helvétique, l’installation de la chambre administrative vaudoise fut précédée, le 30 mars 1798, d’un culte solennel à la cathédrale présidé par le pasteur Frédéric Bugnion-de Saussure ; ce fut là que les nouveaux magistrats prêtèrent serment. Depuis lors, soit depuis plus de cent ans, il a toujours été procédé de même à chaque renouvellement des autorités cantonales. L’inauguration de l’Université de Lausanne, en

  1. Voir à ce sujet les Notes descriptives et historiques de MM. A. Naef et A. de Molin avec dessins de MM. Charles Vuillermet et Th. van Muyden, publiées en 1896 par le Comité de restauration de la tour de l’Ale. Lausanne, F. Rouge, 1898.
  2. Le terrain sur lequel se trouve la promenade de Montbenon servait jusqu’en 1860 de place d’armes ; il a été acheté par la ville en 1345, par voie d’échange. Il était alors recouvert de vignes, et appartenait au Sénéchal Guillaume de Compey.