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comme un immense réservoir d’alimentation ; en cas de sécheresse prolongée, il peut subir une dénivellation pouvant aller jusqu’à 10 mètres, limite inférieure de la prise d’eau. Il est actuellement question de relever le niveau du déversoir du lac, pour augmenter la réserve d’eau.

On évalue à 10 000 litres-minute le débit dont peut disposer la Compagnie des eaux du lac de Bret en faveur des services lausannois. A teneur de la concession accordée à la Compagnie Lausanne-Ouchy et Eaux de Bret, cette eau doit être utilisée à Lausanne uniquement comme eau motrice, industrielle et agricole, à l’exclusion des usages alimentaires et ménagers.

III. — La Société des eaux de Lausanne, enfin, qui alimentait d’eau de source la ville de Lausanne depuis le 15 août 1877.


Par convention du 5 janvier 1876 la ville avait aliéné en faveur de la Société des eaux son servie de distribution d’eau, ses canalisations et réservoirs, à charge par celle-ci de compléter l’alimentation d’eau en amenant à Lausanne la source du Pont-de-Pierre (3500 litres-minute), captée au pied des Alpes, au-dessus de Montreux, cote 650, à 30 kilomètres environ de Lausanne. Ces eaux ajoutées aux eaux des sources de la commune, augmentées en 1889 par l’adduction des eaux de Saint-Hippolyte près Montherond (300 litres-minute), formaient jusqu’en 1901 la principale distribution d’eau potable.

La Société des eaux n’a jamais donné de dividendes à ses actionnaires ; obligée, faute d’eau, de rationner presque chaque été ses abonnés, elle était devenue très impopulaire. Elle n’en a pas encore bien mérité de la population en assurant un service, très onéreux, dont la ville n’aurait pu se charger en 1876 sans qu’il en résultât de grands frais pour les contribuables. L’amenée des eaux du Pont-de-Pierre, a réagi heureusement sur l’état sanitaire de Lausanne, le fait a été établi en son temps par un rapport présenté par M. le Dr de Cérenville au Congrès d’hygiène à Genève en 1882.

Par suite du développement toujours plus rapide de la ville, la commune de Lausanne, désireuse de reprendre en mains la distribution des eaux potables, a racheté, en 1901, l’entreprise de la Société des eaux de Lausanne au prix de 1 967 405 fr. 70. En prévision de ce rachat et dans le but d’assurer à la population une large alimentation d’eau potable dans l’avenir, la commune de Lausanne avait déjà acquis, en 1899, pour le prix de 2 millions, 10 000 litres-minute (13 000 en été et 7000 en hiver) d’eau provenant de sources captées dans le Pays-d’Enhaut (Alpes vaudoises), à des altitudes variant entre 1100 et 1400 mètres et à 54 kilomètres environ de Lausanne. Cette eau lui est livrée à Sonzier, sur Montreux, à la cote 705.

Les travaux d’adduction de ces eaux, dès Sonzier à Lausanne, par une canalisation entièrement métallique de 500 millimètres de diamètre et de 29 kilomètres de longueur environ, ont été achevés à la fin de l’année 1901. Ils ont coûté 2 755 000 francs, y compris la construction du réservoir de Montalègre et les travaux d’amélioration et d’extension du réseau de distribution.