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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

Une inscription, remontant au deuxième siècle de l’ère chrétienne, trouvée le 7 avril 1735[1] dans la propriété du bourgmestre de Seigneux, entre la route de Chavannes et celle de Morges, près de la chapelle des lépreux, témoigne des sentiments de piété du président de la municipalité de l’époque. Elle a été placée dans la salle des pas-perdus de l’Hôtel de ville. C’est un vœu adressé au Soleil, au Génie protecteur de la ville et à la Lune, par Publius Clodius Primus, de la tribu Cornelia, pour la conservation des empereurs Marc-Aurèle et Lucius Verus. Ce Clodius y prend le titre de curateur des habitants de Lausanne et de « sévir augustal ». Il semble avoir agi au nom de l’Helvétie entière en érigeant ce monument.


II

La formation de la ville nouvelle.

Les circonstances qui amenèrent le transfert de l’ancienne Lausanne des bords du lac sur les collines où elle s’étage aujourd’hui nous sont inconnues ; sa ruine fut sans doute amenée par une invasion des hordes barbares qui désolaient l’empire romain au cinquième siècle. Ce fut apparemment pour pouvoir mieux se défendre contre les agressions auxquelles ils étaient exposés, que les Lausannois construisirent la nouvelle ville sur les hauteurs escarpées qui dominent les ravins du Flon et de la Louve. Quoi qu’il en soit, il faut croire que la cité naissante avait assez promptement pris une certaine importance et éclipsé Avenches puisque entre 585 et 594 l’évêque Marius[2] y établissait le siège de son diocèse ; c’est à ce prélat que paraît devoir remonter la construction de l’église de Saint-Thyrse.

Après la destruction de Lousonna, les Helvéto-Romains se fixèrent sur le contrefort avancé de la forêt de Sauvabelin. À ce moment même, le christianisme se propageait dans nos contrées. La ville nouvelle, gagnée à la foi nouvelle, devint le centre religieux du pays, la Cité épiscopale. Autour de la Cathédrale, se multiplièrent les monastères : Saint-Thyrse ou Saint-Maire, au nord ; Saint-Étienne et Saint-Paul au sud. Ce dernier était couvent de femmes. Ces trois maisons durèrent peu : au dixième siècle, elles étaient sécularisées, et leurs chapelles transformées en églises paroissiales.

Vis-à-vis, séparée par le Flon, s’élevait une seconde colline, qui, d’après

  1. Cette inscription est le seul monument épigraphique de l’époque romaine relatif au passé de Lausanne. En se basant sur l’expression de curator vicanorum Lousonnensium, et d’autre part sur la table de Peutinger, on doit donner la préférence au terme de Lousonna ; ceux de Lausonnium, Lausanna, Lausannensis n’ont prévalu qu’au moyen âge. Voir à ce sujet le mémoire de l’épigraphiste Ch. Morel sur les Associations de citoyens romains, dans le tome XXXIV de la série des Mémoires et Documents de la Société d’histoire de la Suisse romande.
  2. Suivant une tradition longtemps admise, Marius aurait été évêque d’Avenches avant de fixer à Lausanne le siège de son diocèse ; cette opinion, encore soutenue par M. l’abbé Marius Besson, a été battue en brèche par M. Maxime Reymond. (Voir leur polémique dans les Archives de la Société d’histoire du canton de Fribourg, tome VIII, page 139, dans la Revue historique vaudoise, année 1904, page 380, dans la Revue de Fribourg, année 1905, page 52, et dans l’Anzeiger für Schweizerische Geschichte 1905, numéros 1 et 2.)