Page:Collectif - Lausanne à travers les âges, 1906.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de tous côtés un accroissement intense de l’activité industrielle ; les transactions immobilières se multiplient ; nous sommes à l’étroit dans nos gares. Il y a une cause majeure à cet état exceptionnel : l’ouverture du Simplon.

Ed. CHAVANNES, ingénieur.


II


Service du gaz.

La ville de Lausanne fut éclairée pour la première fois par le gaz le 31 décembre 1846. Une quinzaine de falots à l’huile constituaient jusqu’alors tout l’éclairage public.

Une concession de vingt-quatre ans, soit du 1er janvier 1847 au 31 décembre 1870, avait été accordée par la Municipalité à M. Frédéric Loba, chimiste, originaire de Rolle, qui fit ses premiers essais dans une modeste usine, élevée sur la place de la Riponne et renfermant une seule cornue.

Cette concession fixait les prix de vente à 4 centimes par bec et par heure pour l’éclairage public et à 6 centimes par bec et par heure pour l’éclairage particulier. Au compteur, le gaz se payait 34 centimes le mètre cube pour l’usage public et 50 centimes pour l’usage privé. Le pouvoir éclairant que devait avoir le gaz n’était pas fixé d’une façon scientifique ; le gaz devait simplement être aussi bon que celui fabriqué à Genève.

L’essai fait à la Riponne ayant été jugé concluant, la Société installa, en 1848, à Ouchy, sur l’emplacement actuel, une usine qui possédait deux fours à cinq cornues et deux gazomètres de 350 mètres cubes de capacité chacun. Les cornues étaient en fer et duraient de quatorze jours à six semaines au maximum.

On distillait uniquement des charbons vaudois, c’est-à-dire du lignite de Belmont ; celui-ci présentait le grave défaut de contenir beaucoup de soufre ; malgré une épuration à la chaux, très coûteuse, le gaz ne parvenait pas à s’en débarrasser complètement, en sorte qu’il oxydait les métaux chez M. Francillon et altérait la couleur des étoffes chez M. Bonnard. Ce défaut porta un coup funeste à l’usine d’Ouchy ; la consommation du gaz alla en diminuant, et la nouvelle industrie périclita.

Ce ne fut qu’en 1856, après la construction d’une partie de la voie ferrée de Lyon à Genève, qu’il devint possible d’employer des charbons du bassin de la Loire, amenés par wagon jusqu’à Seyssel, puis par char de Seyssel à Genève, et enfin par bateau de Genève à Ouchy.

La Société se reconstitua. Elle améliora graduellement son usine, au fur et à mesure du développement des voies ferrées qui permirent de faire venir les charbons de Saint-Etienne. Dès lors, la consommation du gaz continua à croître, pour atteindre, en 1895, dernière année de concession de la Société lausannoise d’éclairage et de chauffage par le gaz, une émission de 1 774 020 mètres cubes. Racheté par la commune de Lausanne et exploité par elle dès le Ier janvier