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puissances étaient intervenues au sujet du Koang-Toung et de Port-Arthur, que les Japonais durent rétrocéder à la Chine. Port-Arthur était donné à bail au Gouvernement russe, deux ans plus tard (décembre 1897 et arrangement du 15-27 mars 1898).

La Russie se trouvait ainsi placée entre la Chine et le Japon, ce qui gênait terriblement les plans de ce dernier.

Pendant la deuxième période qui va suivre et qui dura plus de dix ans, tous les efforts du Japon se concentrent sur un vaste plan de campagne contre la Russie, qu’il doit évincer à tout prix de l’Extrême-Orient afin de mieux atteindre le but final.

Les événements Boxers sont aussi venus faciliter l’action japonaise. C’est principalement depuis cette époque, et pour une soi-disant garantie de sécurité internationale, que les Nippons s’installèrent solidement en Mandchourie. D’autre part, la Russie occupait (pour la surveillance du Grand Transsibérien) l’autre côté de cette vaste Mandchourie et disputait l’influence japonaise qui la menaçait. La situation se tendait de jour en jour. Le Japon grognait et montrait les dents et, fatalement, la guerre éclata entre ces deux puissances.

« Le Japon écrasa la Russie », réalisant une partie de ses convoitises en s’assurant le protectorat de la Corée, qui fut le gros morceau de cette phase d’action. Il devait, un peu plus tard, sans tambour ni trompette, annoncer au monde stupéfait l’annexion définitive de cette « pauvre et douce Corée » !

Les Puissances Étrangères, se doutant des aspirations du Japon, ne perdirent jamais de vue les faits et gestes de son gouvernement. Au traité de Portsmouth (septembre 1905) ce furent les États-Unis[1] qui intervinrent cette fois, enrayant le trop grand développement du Japon dont l’Impérialisme et le Militarisme inquiétants se manifestaient de plus en plus ouvertement. Le Japon demandait aux Russes une grosse indemnité de guerre qui lui permettrait, avec la vitesse acquise, de s’attaquer de suite, non seulement au gros « morceau de ses rêves » : la Chine, mais encore au Pacifique. Grisé par sa victoire sur « une grande nation européenne, » il ne dissimulait plus ses intentions belliqueuses, ses convoitises sur les Îles du Pacifique, sur la maîtrise possible du Pacifique ! (Et il faut relire, avec quelle chaleur, quelle arrogance même, la presse nipponne exposait les prétentions du Japon à cette époque !) Le Japon, pour ne pas perdre de temps, commençait déjà à exercer son influence sur la côte américaine ; il intriguait au Mexique, où des dizaines de mille de ses dociles sujets appliquaient la méthode japonaise de colonisation que chacun sait !

Le traité de Porstmouth était encore boiteux pour l’ambition du gouvernement de Tokio, puisqu’il n’obtenait aucune indemnité, ni les annexions demandées au détriment de la Chine !

  1. Devenus puissance asiatique depuis la possession des îles Philippines, Tacoma et Hawaï.