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Il y a peu de classes à Calcutta plus rude et plus vulgaire que celle des ghari-wallahs ou cochers de fiacres. Ce sont pour la plupart des Mahométans qui ont laissé leurs familles à la campagne, et leurs traits caractéristiques ne sont ni la bonne tenue, ni la sobriété.

Pourtant c’est un de ces cochers que je vis un jour au coin de ma petite nie : il guidait avec douceur une vieille femme hindoue égarée entre les véhicules dangereux et, ce faisant, son visage avait une expression ineffable. Il avait sauté dé son siège à là Vue de cette femme chancelante et aveugle, et laissé sa voiture au seul soin de son petit groom ou syce, car le Prophète arabe a dit ; « Celui qui baise les pieds de sa mère, entrera au Paradis ».

Dans leur piété filiale et leurs sentiments chevaleresques pour la vieillesse, le Mahométan et l’Hindou de toutes conditions se ressemblent.

C’est une erreur de supposer que la ligne de démarcation religieuse qui sépare l’Hindouisme de l'Islamisme est aussi rigide que celle qui divise par exemple Genève dé Rome.

Le Sufisme[1], avec sa phalange de saints et de martyrs, a donné aux Mahométans un développement qui égale l’Hindouisme le plus élevé. Chacune des deux religions s’incline devant les apôtres de l'autre. Ce sont les coutumes qui les séparent ; mais leurs doctrines philosophiques ne sont pas incompatibles.

Les coutumes des Mahométans viennent de l’Arabie et datent d’une époque où il était nécessaire pour l'unité

  1. Doctrine des mystiques de l’Islam.