Page:Collectif - L’Inde et son âme.djvu/442

Cette page n’a pas encore été corrigée


En ce moment, l’Inde en proie aux douleurs qui accompagnent le passage dé la période médiévale à l’époque moderne, de là phase théocratique à la phase nationale, offre un champ fécond pour l’étude de ces lois.

Bien des observateurs, voyant que le peuple hindou se prépare à cette transition, me présagent pour lui que déception et défaite : « Quoi », disent-ils « morcelée » comme elle l'est par la diversité de ses idiomes, écrasée sous le poids de coutumes, variant d’une province à l'autre ; peuplée par trois races, noire, jaune et blanche, dont chacune garde avec une persistance jalouse ses traits individuels : remplie de types aussi différents que le Punjabee et le Bengalais ; divisée par la barrière qui sépare le Mahométan de l’Hindou — c’est folie pour l’Inde de vouloir unir ces éléments divers, tous en état de fermentation ! L’idée d’une nationalité indienne n’est qu’une vaine illusion ! »

Voilà ce que pensent la plupart des Européens ayant voyagé ou résidé aux Indes, tout en méprisant ceux qui ne partagent pas leur avis.

Cependant leurs conclusions ne sont pas les seules que l'on puisse déduire des faits.

La véritable question est celle-ci : « Y a-t-il chez les Indiens-une unité réelle de vie et de type qui pourrait tôt ou tard former une nationalité indienne ?»

Il se peut que le Bengalais soit l'Irlandais de l'Inde, que le Mahratte en soit l’Écossais, et lé Punjabee, le Gallois ou Montagnard ; mais chacun d’eux possède-t-il quelque chose de commun à tous trois. C’est-de l’existence ou de l'absence d'une telle communauté de vie et de type que dépendra la justification future des aspi-