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A ces mots, Savitri relève la tête et sourit :

— Seigneur, une veuve ne peut se remarier. Le Roi redoutable la regarde un moment. Dieu de la Mort, peut-il renoncer à ses morts ? Mais Dieu de la Fidélité, peut-il rendre Savitri infidèle ? Il hésite, puis, se baissant, il défait le nœud et toute la forêt retentit de son rire.

— O femme incomparable, dont le cœur vaillant a suivi son époux jusque dans la tombe et l’a reconquis à la vie, des mains même de Yama ! C’est ainsi que les dieux aiment à s’avouer vaincus par les mortels !

... Une heure après, le prince Satyavan s’éveillait, la tête sur les genoux de Savitri.

— J’ai fait un rêve étrange, murmura-t-il, d’une voix faible. Il me semblait que j’étais mort.

— Mort bien-aimé, ce n’était point un rêve, dit Savitri. — Mais la nuit tombe ; hâtons-nous de rentrer.

Et comme ils se disposaient à partir, la jungle résonna des cris d’un cortège royal, venu à leur recherche. Car ce même jour, le père de Satyavan avait recouvré la vue, et son royaume lui était rendu...

(Traduit et adapté des Cradle tales of Hinduism
par Madeleine ROLLAND.)