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rencontré un jeune homme. Son père est un roi aveugle, chassé de son trône dans sa vieillesse, et vivant dans cette forêt dans le plus grand dénûment. Ce jeune homme est celui que je veux épouser. Il est doux et fort et courtois, et il a nom Satyavan.

Nârada avait tressailli dès les premiers mots de Savitri ; et, à ce nom, levant la main, il dit :

— C’est impossible ! Savitri deviendra veuve si elle épouse Satyavan. Une malédiction pèse sur lui, et dans douze mois, à partir de ce jour, il est condamné à la . mort.

La princesse avait pâli, car toute femme hindoue souhaite de mourir avant son mari. Mais quand son père, se tournant vers elle, lui dit :

— Hélas, ma fille ! il vous faut chercher un autre époux !

Elle répondit :

— Non, mon père. On ne choisit qu’une fois. Je ne puis désigner un autre homme pour mari. Il est triste d’être veuve, mais je dois accepter mon sort avec l’époux de mon choix.

Açwapali et Nârada reconnurent la justesse de ces paroles, et, le lendemain, des messagers s’en allèrent présenter, de la part du roi, la noix de coco au jeune prince vivant dans la forêt. Satyavan et ses parents l’acceptèrent avec joie, à la seule condition que Savitri viendrait demeurer auprès des deux vieillards, pour ne pas les priver de leur fils à la fin de leurs jours.

Le mariage fut donc annoncé, et le feu pris à témoin de leur union. L’anneau de fer fut fixé au poignet gauche de la princesse ; puis, le voile de Savitri étant noué au manteau de Satyavan, la main dans la main, ils mar-