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voiles, prête à l'écouter s’il lui plaisait de parier, sinon, satisfaite de le voir, puisque bénis sont les yeux qui contemplent un saint ! Et ainsi approchait le grand jour de sa vie qui devait fa rendre.chère à toutes les femmes dans les siècles à venir...

Comme elle passait dans une forêt, elle aperçut, à travers les tentures de sa litière, un jeune homme robuste et de belle taille, dont la vue la remplit d’émotion. D'une main, il portait une cognée, appuyée sur son épaule, de l’autre, des fagots. Évidemment, c’était un forestier. Mais le courage et la douceur se lisaient sur sa physionomie, et la courtoisie, avec laquelle il prêta assistance à l’un des gens de l’escorte, puis s’effaça pour la laisser passer, montra. le raffinement de son. éducation et la noblesse de son cœur. S’étant informée de son nom et de sa famille, la Princesse et sa suite rebroussèrent chemin pour rentrer au foyer. Car Savitri, en ce jour, sut qu’elle rencontrait son destin. Devant elle se tenait l'âme à laquelle, durant des vies sans nombre, elle avait été unie. Forestier ou roi, peu lui importait. L’œil de son esprit purifié par le pèlerinage lui avait fait reconnaître son époux de jadis, et ce qui avait été, devait être de nouveau.

Açwapati se trouvait dans la salle du trône quand sa fille revint en sa présence... Auprès de lui se tenait le saint homme Nârada, le corps ceint d’un pagne rose... Et le roi dit à Savitri de parler librement devant lui.

— Mon enfant a-t-elle décidé à qui elle donnerait sa foi ? demanda-t-il, après les premières effusions.

Une vive rougeur couvrit le visage de Savitri, tandis qu’elle répondait :

— Dans certaine forêt, mon père, nous avons