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lesquels elle pouvait voir sans être vue. Et un long cortège d’hommes et d’éléphants la suivrait, portant des tentes, des meubles, des provisions, et un palanquin pour remplacer le char, quand elle voyagerait dans la forêt. Le départ eut lieu de bonne heure, la nuit, à la nouvelle lune, afin de Traverser la plaine aride et brûlante dans l’obscurité, et d’atteindre la forêt avant le jour.

Auparavant, la princesse n’avait erré que dans les jardins royaux ou n’avait parcouru la cité et les parcs que dans une voilure close. A présent, elle partait seule et libre. Pour la première fois, elle se séparait de ses parents ; cependant, elle était heureuse, et les arbres agités, les chacals glapissants et le ciel nocturne la remplissaient de joie, même alors que les porteurs de torches, en tête du cortège, tressaillaient d’effroi au rugissement d’un tigre dans la jungle. Pour un tel voyage, la nuit étoilée est comme un grand cœur maternel, et l’on y entend un silence plus intime que ne peut l’être aucune voix.

La marche dura longtemps après le point du jour, avant d’arriver à l’orée d’un bois, au bord d’un cours d’eau, où Savitri put se baigner, dire ses prières et préparer son frugal repas.On y demeura le reste du jour, pour reprendre le pèlerinage de bonne heure le lendemain.

Cette vie continua plusieurs mois Parfois, toute une semaine se passait à camper non loin d’un ermitage. Chaque matin, Savitri se faisait alors porter dans son palanquin devant la hutte du saint homme, lui présentait ses offrandes et demandait sa bénédiction. Puis elle restait assise sur le sol,, devant lui, enveloppée de ses