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les moyens d’apprendre ce que tous les peuples européens ont apporté à leur culture d’Occidentaux. Par là, la pensée de l’Occident s'est révélée au monde d’une façon lumineuse. Pour compléter cette diffusion de lumières, il faut que l’Inde réunisse ses propres flambeaux dispersés, et en offre la clarté au monde.

Le devoir de l'Asie. — Il fut un temps où chacune des grandes contrées de l’Asie devait développer sa propre civilisation à l’écart, dans un isolement relatif. Aujourd’hui, l’âge de la coordination et de la coopération est venu. Les semences cultivées en d’étroites plates-bandes doivent être transplantées en plein champ. Pour atteindre leur maximum de rendement, il leur faut subir l'épreuve d’une exposition mondiale.

Mais avant d’être en état de coopérer à la culture de l’Europe, l’Asie doit fonder son propre édifice sur la synthèse de toutes ses cultures. Lorsque, appuyée sur une telle base, elle se tournera vers l’Ouest, ayant confiance dans sa liberté intellectuelle, elle pourra prendre une vue personnelle de la vérité envisagée sous l’angle asiatique, et ouvrir à la pensée du monde de nouvelles perspectives. Sinon, elle laisserait son précieux héritage tomber eu poussière et, essayant maladroitement de le remplacer par de faibles imitations de l’Occident, elle se déprécierait elle-même, se rendrait inutile et ridicule. Si elle perdait ainsi son individualité et sa force spécifique, en quoi pourrait-elle aider le reste du monde ? La terrible banqueroute n’aurait-elle pas aussi son contre-coup sur l’esprit occidental ? Si le monde entier devait se développer