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— UN MARIAGE. —

qu’elle devait porter, il lui sembla que si on pouvait rappeler cet instant, une volonté énergique, jusque là contenue parla timidité, s’éveillerait toute puissante pour rejeter les liens qu’elle venait d’accepter.

Peu de jours s’étaient écoulés depuis ce mariage. Berthe était seule dans un élégant oratoire : vêtue de légers vêtemens blancs, à demi étendue sur de moelleux coussins de velours violet, la tête appuyée sur une de ses mains, elle méditait profondément. Ses yeux s’humectèrent d’abord sans que le bruit de sa respiration se fît entendre ; puis son sein s’agita convulsivement. Des cris étouffés, des sanglots vainement contenus s’échappèrent enfin avec des torrens de larmes. Aucune parole ne les accompagnait, et, comme si elle eût redouté d’être entendue, elle pressait son visage dans les oreillers pour comprimer les sons qui pouvaient trahir sa douleur. Tout-à-coup l’effroi succède à ses angoisses ;