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— UN MARIAGE. —

était heureux ; l’intérêt que je t’ai inspiré un instant sera payé par mes longs regrets Si tu devais aimer, rencontrer un amour digne du lien, ah ! pleure mille fois la vie que nos larmes se confondent, moi, pour le malheur que j’accepte, toi, pour le bon heur que tu perds. » Et par un élan subit, Berthe tomba à genoux, offrant à Dieu de prendre sa vie en échange de celle qui était enlevée à Clémence. Si de pareilles prières pouvaient être exaucées, les accens d’une mère auraient fléchi la pitié divine, ou bien cette mère se serait vue condamnée à choisir entre ses deux enfans celui qu’elle voulait conserver. Pour racheter les jours de sa sœur, le comte aurait mille fois donné son avenir, quelque promesse que cet avenir lui eût présentée. Mais le sort de la jeune fille venait de s’accomplir lorsque Berthe demandait du fond de son cœur de descendre à sa place sous le marbre funéraire.