Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
— UN MARIAGE. —

tant de fois depuis ce jour, n’est-il en effet que le frère de la jeune malade ? Oh ! que ne m’est-il réservé alors de lui consacrer ma vie, de consoler son cœur, de partager ses regrets ! Mais comment oser maintenant avouer l’intérêt que je porte à cette sœur ? » Madame de Frémy frappa légèrement sur l’épaule de sa fille. Berthe tressaillit. « Nous partons, lui dit sa mère. — Déjà ! prononça Berthe d’une voie attristée… — Et le bal ? répondit madame de Frémy. — Le bal, répéta Berthe. En effet, je n’y pensais plus. » Alors ses habits de fête lui causèrent une peine inexprimable. Son imagination lui retraçait des scènes de deuil ; elle voyait Clémence mourante, résignée ; sa mère n’espérant plus, et demandant encore à Dieu de lui rendre le bien qu’elle ne pouvait sacrifier. Auprès de ces deux femmes lui apparaissait une image d’un effet plus pénétrant. Le beau visage du comte réfléchissait la douleur de sa mère,