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— LE LIVRE DES FEMMES. —

amena des larmes dans ses yeux ; celles de Berthe coulèrent en abondance, lorsque madame d’Esnelle lui tendit la main : « Oh ! pleurez, pleurez-la, lui dit-elle ; jeune, belle comme vous, sa vie va finir ! Vous l’auriez aimée, j’en suis sûre : personne ne pouvait se soustraire au charme de sa bonté. Elle vous a vue une seule fois : c’était à la dernière promenade que nous avons faite ensemble…

— Aux Tuileries, s’écria Berthe ; je ne l’oublierai jamais, et maintenant je me le rappelle encore : vous étiez auprès d’elle. »

La marquise répondit par un signe affirmatif, jeta sur Berthe un regard plein d’intérêt, mais n’ajouta plus un mot qui eût rapport à cette matinée, et changea d’entretien.

« Une mère ! un frère ! pensa Berthe. Ai-je mal compris madame de Golzan, lorsqu’elle m’a parlé de la comtesse de Bresseval ? Et cet homme auquel j’ai pensé