Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
— LE LIVRE DES FEMMES. —

ment opiniâtre ; enfin épouser une femme que le comte de Bresseval, si sobre de louange, avouait faite pour le toucher, donnait un nouveau prix au succès. Et Berthe seule pouvait, unie à lui, réaliser le contraste auquel sa singulière vanité aspirait.

Pendant que cet avenir la menaçait, Berthe, confuse et ravie de l’admiration excitée par sa présence dans cette nombreuse assemblée, composée d’êtres qui lui étaient tout-à-fait étrangers, croyait voir s’ouvrir devant elle une immense carrière de bonheur. Ce culte adressé à la forme dont elle est revêtue ne lui révèle-t-il pas un pouvoir sans bornes sur sa propre destinée ? Mais le trouble de la pudeur mêlait une sorte de souffrance à ce triomphe. Ses yeux cherchèrent le regard de sa mère pour y puiser la force de maîtriser des émotions qui apportaient tant de trouble dans son âme.