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— LE LIVRE DES FEMMES. —

de succès les atteintes de sa mordante critique.

Les loges se remplissaient. Des flots de lumière éclairaient les brillantes toilettes d’un jour de première représentation à l’Opéra. Le rideau était baissé ; mais déjà l’orchestre faisait entendre ses sons pleins et harmonieux, si habilement dirigés qu’on les croirait souvent produits par un seul et magique instrument. Et cette foule rieuse, parée, jouait, sans s’en rendre compte, un drame multiple, plus attachant pour le regard observateur que la fiction impatiemment attendue. Pauvres compositeurs, efforcez-vous de prédisposer à la poésie ces âmes prosaïques. L’orchestre exprime un chant plein de tristesse, la prière d’une âme qui n’a plus de secours à attendre de la pitié humaine. Le ciel recueillera-t-il ces accens de détresse ? Non, l’enfer seul y répond : des sons pleins d’ironie, le rire frénétique des démons succède à la prière