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— UN MARIAGE. —

sur le front de cette jeune femme, elle voyait encore tant de bonheur dans l’amour qu’elle inspirait, qu’un pareil sort ne l’eût point effrayée au même prix. Ils avaient dû s’aimer aussitôt qu’ils s’étaient rencontrés. Jeunes tous deux, quel avenir ils pouvaient espérer ! Mais leurs craintes mêmes les rendaient plus chers l’un à l’autre. Menacés d’une éternelle séparation, chaque jour de sursis devenait une existence entière. « Oh ! disait Berthe, pénétrée de cet enthousiasme des jeunes années, mourir ! oui, mourir ainsi, je le préférerais à traîner lentement dans le monde une existence privée du charme d’une telle affection. Et ma vie, que sera-t-elle ? se demandait encore Berthe. Ma mère ne contraindra pas mon choix, je pourrai donc être heureuse aussi, comme l’a été cette jeune femme ; » puis une pensée qu’elle osait à peine entrevoir lui répondait que le monde ne lui offrirait peut-être pas une seconde