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— LE LIVRE DES FEMMES. —

par le vaisseau sur l’Océan, et chaque âge reste livré à des déceptions, à des croyances qui tiennent au point de vue où l’on se place. Le type du beau, du bien, dont nous portons les formes dans notre âme, ne se retrouve que brisé, et par fragmens dans la multiplicité des êtres ; la jeunesse en recherche d’abord l’application complète, et les déceptions se succèdent continuellement. Plus tard, la vie est mieux comprise, des portions de bonheur suffisent à une plus juste appréciation de notre nature imparfaite.

La promenade du matin laissa Berthe rêveuse, distraite, tout le reste de la journée. Elle revoyait sans cesse le joli visage pâle de Clémence, la noble figure du comte. L’erreur dans laquelle madame de Golzan l’avait laissée à dessein donnait à ses pensées un indéfinissable intérêt. Elle composait de mille façons l’histoire de leur vie, et malgré les souffrances empreintes