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— UN MARIAGE. —

individuels sont limités, mais ils forment mille rayonnemens dont le libre arbitre est le centre. La mobilité de la pensée suffit pour donner un démenti continuel à la doctrine du fatalisme. C’est à soi-même, à sa propre volonté, à l’influence qu’elle laisse prendre aux autres sur soi qu’il faut demander compte de ce qu’on appelle les jeux du hasard. Toute une vie de malheur s’est-elle accomplie, la mémoire en a gardé le souvenir ; on hésitait avant de se livrer à la pente qui devint irrésistible le premier pas fait. À côté de ce malheur, des révélations découvrent souvent les chances d’un bonheur tel qu’on l’aurait souhaité. La moindre circonstance changée, ce bonheur était réalisé ; tandis que la funeste lumière, arrivée trop tard, rend plus accablante la destinée sous laquelle il faut plier. Encore si les leçons du passé laissaient des traces profondes ; mais elles s’effacent ainsi que le sillage formé