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— UN MARIAGE. —

elle se croyait si assurée de remporter l’avantage sur son adresse ! Ses rêves doivent encore lui rappeler cette soirée d’humiliation. Dans sa beauté, dont elle est si vaine, elle retrouve l’empreinte de l’injure sous laquelle son front a fléchi. Par lui elle est déchue de toute illusion ; car le monde ne peut plus lui en offrir d’assez puissantes pour guérir la blessure faite à sa vanité.




La voiture de la marquise d’Esnelle venait de s’arrêter devant la grille des Tuileries. Le comte de Bresseval en descendit le premier. Il donna la main à la marquise, puis il soutint les pas affaiblis d’une jeune femme charmante, dont la pâleur terne causait une inexprimable tristesse, en même temps qu’on admirait dans cette créature frêle le type de la beauté délicate telle que les chefs-d’œuvre de l’art nous