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— MYSTÈRE. —

cygnes habitaient un golfe de la Grèce. Un jour, comme ils étaient près de la rive, des enfans musulmans passèrent. Les oiseaux divins s’enfuirent épouvantés. Mais l’un gagna la haute mer, et l’autre (imprudent ! ) ne le suivit pas et prit son vol vers le continent. Les enfans musulmans le tuèrent à coups de mousquet. — Ô mon cygne ionien, je ne me séparerai pas de vous. Quelle pitié ! Voudriez-vous me voir revenir un jour tout sanglant mourir à vos pieds ? Que vous ai-je fait ?… Depuis six mois, je passe toutes mes nuits et tous mes jours dans la contemplation de votre visage. Pour entendre votre parole, et une parole qui ne s’adresse pas à moi, je traverse le golfe, quel que soit l’ouragan. Hier encore, j’ai suivi vos traces tout le long du sable, et, à chaque pas je me suis prosterné et j’ai baisé l’empreinte sacrée. Qui m’eût rencon-