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— LA PREMIÈRE RIDE. —

si je ne prenais pas ce parti, abandonnée bientôt avec le droit de ne pas l’être, je n’aurais à opposer que des reproches toujours inutiles. Hélas ! si on ne les mérite pas, ils sont injustes, et ils fatiguent si on a voulu les mériter. Après de longs combats voici ce que j’écrivis à M. de Seignelay :

« Le moment est venu d’être vraie avec vous et avec moi-même, Arthur ; je ne puis oublier ni l’inconvenant aveu que vous n’avez pas craint de me faire, ni le changement qui s’est opéré en vous depuis quelques mois. Peu à peu ce changement a fait naître le mien. J’ai voulu pourtant être heureuse encore ; retenir l’illusion que vous m’arrachiez sans pitié ; mais une circonstance nouvelle m’a prouvé que je ne pouvais plus rien ni pour votre bonheur ni pour vos plaisirs. Cependant, tout aride que me paraisse la vie dans laquelle vous me rejetez, je dois la conserver pour vous