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— LA PREMIÈRE RIDE. —

elle en rassurant que j’avais besoin de rester seule, de bien descendre dans mon cœur, d’en sonder les replis.

« Mon amie, ajoutai-je avec un sourire qui n’était pourtant pas bien franc, je me crois plus forte que vous ne pensez peut-être, et je commence à comprendre que si j’ai le courage d’écouter une juste fierté, les regrets ne seront pas tous de mon côté.

— Surtout, dit-elle, ne vous imposez point de sacrifices si vous ne vous sentez pas le courage de vous y soumettre ; ne vous donnez point en spectacle, et surtout ne faites point d’éclat si, un jour, vous deviez accepter toutes les conditions qu’il plairait à M. de Seignelay de vous imposer. Profitez de mon expérience, mon amie, elle m’a coûté assez cher. Songez-y : nous autres pauvres femmes nous jouons dans la vie une partie de dupes, car nous n’avons qu’une seule