Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
— LE LIVRE DES FEMMES. —

L’arrivée du comte, l’impression qu’il laissa dans son esprit, changèrent toutes les résolutions d’Isabelle. Elle chercha d’abord à éloigner M. de Celnarre, le reçut plus froidement ; mais elle put alors juger combien il est difficile de se soustraire aux hommages qu’on a encouragés. M. de Celnarre avait pris plaisir à compromettre madame de Golzan. Chaque jour, tandis qu’elle croyait assurer son empire sur lui, il souriait de la voir s’envelopper davantage dans le réseau perfide où sa vanité venait se prendre ; mais lorsqu’elle voulut recouvrer son indépendance, ses légèretés, ses promesses frivoles, les encouragemens tacites, lui furent imputés à trahison. Effrayée du chemin qu’elle avait fait, elle voulut tenter un dernier effort pour briser le joug imposé. « Monsieur, dit-elle à M. de Celnarre, je me vois forcée de l’avouer, j’ai des torts envers vous ; mais ignoriez-vous que mon sort fût lié à celui