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— LA PREMIÈRE RIDE. —

sarcasme ; mais, quoiqu’elle eût perdu beaucoup de ses illusions, elle était restée bonne et généreuse, et elle reculait sans cesse devant les argumens décourageans qui tendent à dégrader tout ce qu’il y a de bon et de noble dans le cœur.

« Ah ! s’écria-t-elle un soir presque malgré elle, car elle voulut promptement revenir sur ce qu’elle avait dit ; ah ! je n’unirais jamais mon sort à celui d’un homme qui a un tel ami.

— Le mal n’est pas là, répondis-je avec plus de calme qu’elle ne s’y attendait, le mal est dans le cœur d’Arthur, il n’a plus d’amour. Et cependant, Mathilde, je l’aime encore, et je ne puis me décider à renoncer à lui. D’ailleurs, quand j’en aurais le courage, puis-je rompre un mariage si près de se conclure ? que penserait le monde ?

— Le monde vous consolera-t-il quand vous serez malheureuse ? reprit Mathilde. C’est encore une de nos folies de nous occu-