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— LE LIVRE DES FEMMES. —

à une distraction où le cœur n’entrait pour rien, et qu’il ne doutait pas que je ne lui pardonnasse.

« Hélas ! m’écriai-je en sentant diminuer malgré moi la confiance dans le bonheur que m’avait rendu sa présence ; hélas ! Arthur, vous m’aviez accoutumé à une manière si différente de traiter l’amour, que je ne sais si je pourrai me faire à celle que vous professez maintenant. » Et je sentais revenir peu à peu sur mon cœur le poids pénible qui l’avait tant oppressé. Arthur me rassura avec tendresse, mais je ne lui trouvai point cette ardeur qui m’aurait bien mieux persuadée. Je devinai que, trop honnête homme et trop bon pour vouloir imposer à une femme une douleur au-dessus de son courage, il avait seulement besoin de me savoir heureuse. Sans doute il me donnait de bonnes raisons pour que je fusse tranquille sur son amour, mais le son de sa voix, son regard dés-