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— LA PREMIÈRE RIDE. —

refroidit l’amour, la vanité qui arrête tant de femmes, tout fut oublié. Ah ! j’eusse été une créature de bien mauvaise foi ; j’eusse été bien méprisable, si l’amour-propre m’eût retenue encore, si je ne fusse tombée dans les bras de celui qui venait de changer en délire de bonheur le désespoir qui déchirait mon âme.

Arthur me demanda l’explication de ma conduite. Je parlai seulement de la jeune Clotilde : pour rien au monde je n’aurais avoué le motif qui m’irritait davantage, car je dois convenir que j’en voulais moins à M. de Seignelay de son infidélité que de la découverte qu’il avait fait aussi vite sur mes traits. Arthur n’était ni un libertin, ni un trompeur ; il m’avoua franchement qu’il s’était senti entraîné par une fantaisie de jeune homme qu’il se reprochait, puisqu’elle m’avait donné l’idée de le fuir ; mais qu’il ne supposait pas que je pusse attacher la moindre importance