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— LE LIVRE DES FEMMES. —

explication. Je me rappelai les mots qui m’avaient tant désespérée et auxquels j’avais vainement voulu opposer le mépris ; Je suis fou de cette petite Clotilde. — Ma jalousie, que la vue d’une tombe, que le souvenir des tristes réalités de la mort avaient calmée, se réveilla avec une nouvelle violence. Je sentis au-dessus de mes forces le sacrifice que je m’étais imposé. Peut-être aurais-je été plus forte, si j’avais eu des combats, des prières à soutenir ; mais j’avais été maîtresse de mon sort ; c’était moi qui l’avais fait ainsi, qui m’étais crue si puissante contre l’amour et les regrets, et j’y succombais !…

Sans doute j’avais souffert quand j’avais appris l’infidélité de M. de Seignelay ; sans doute ma vanité avait été blessée, mais je n’avais point encore ressenti cette angoisse douloureuse qui s’empare du cœur à l’idée de l’abandon et du dédain. Car n’était-ce pas cela qui causait le silence