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— LA PREMIÈRE RIDE. —

nous expliquer, nous devions à la société un prétexte à notre rupture ; à notre rupture que j’avais décidée seule, et à laquelle Arthur n’avait point consenti ; à laquelle peut-être il ne consentirait pas. Oui ! je sentais au battement précipité de mes artères, à l’émotion que me faisait éprouver le moindre bruit, que je m’attendais à quelque événement qui devait changer mon sort.

Mais je passai la journée qui suivit mon arrivée dans une entière solitude. Je voulus vaincre mon anxiété et mon trouble, je m’occupai des arrangemens nécessaires pour un long séjour ; je ne demeurai pas un instant en repos. Mais à la fin d’un jour qui m’avait paru interminable, je ressentis un désespoir contre lequel ma raison fut impuissante. Je me dis que tout était fini ; que M. de Seignelay, heureux d’avoir trouvé un prétexte pour rompre, se montrerait blessé et me laisserait sans