de ces susceptibilités déraisonnables ; et je puis vous le dire, ma chère : quand les blessures de notre amour-propre ne saignent plus, le plus fort est fait. Non pas que je n’aie amèrement regretté, que je ne regrette peut-être encore cette belle illusion de la jeunesse qu’on appelle de l’amour ; que je ne me sois demandé ce qui nous reste à nous, pauvres femmes, quand on nous l’enlève ; mais puisqu’il faut que cela soit ainsi, il vaut cent fois mieux que cela arrive quand nous sommes jeunes encore, au moins nous avons le temps de nous faire à une existence calme et sans orage.
— Cependant vous avez bien aimé, dis-je tristement à Mathilde.
— Sans doute ; mais depuis que je juge sans passion, je rougis d’avoir eu tant de faiblesse, car celui que j’aimais ne le méritait pas. Vous l’ignorez : il eut un jour besoin de ma fortune, je la lui offris avec