les Italiens n’ont pas cet insupportable amour-propre des Français, auxquels il suffit de ravir un bien pour le leur voir regretter.
— N’y aurait-il pas un peu de dépit dans le portrait que vous faites de l’amour en France ? lui dis-je doucement.
— Nullement, reprit Mathilde : je suis trop indifférente maintenant pour en ressentir. J’ai beaucoup souffert, j’en conviens, et je ne vous peindrai ni mon désespoir, ni mon dépit à la pensée humiliante de la pitié que j’inspirais, à l’idée de la commisération d’une rivale qui me plaignait d’être abandonnée et de mourir d’amour, à la certitude que je servais de triomphe à une autre ; car les hommes ne se contentent pas d’être infidèles, ils deviennent perfides, et c’est toujours aux dépens d’une femme qu’ils en encensent une autre. Mon voyage en Italie m’a guérie