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— LA PREMIÈRE RIDE. —

vous parlerai que de la manière dont on y traite l’amour. D’abord c’est une nation tout-à-fait naturelle ; on ne s’y occupe jamais de l’opinion des autres ; on y jouit de son bonheur sans avoir besoin qu’il soit approuvé, et, par conséquent, on n’y est point atteint de ces petites souffrances vaniteuses qui composent une grande partie de nos peines. Quant à la jalousie, il faut la chercher dans de vieux romans, avec les antiques châteaux des Apennins et les brigands du souterrain ; enfin, les Italiens en tout valent mieux que leur réputation ; et comme il faut qu’une femme rapporte quelque observation de ses voyages, j’en ai fait une que je crois très-juste ; c’est que les hommes les plus jaloux sont les Français ; ils sont jaloux quand ils désirent, quand ils possèdent et quand ils n’aiment plus ; car leur plus grand mobile c’est la vanité, et ils ont changé les premiers, qu’ils veulent être adorés encore.