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— LA PREMIÈRE RIDE. —

mandais presque un avis à Dieu, à Dieu qui ne se mêle ni de nos passions ni de nos erreurs, quand une circonstance tout-à-fait inattendue vint me guider à demi.

Pour peu qu’on ait vécu dans le monde, il est impossible qu’on n’ait pas été témoin de brisemens de cœur et de ruptures violentes de ces liens que tous ceux qui aiment croient éternels. Une femme de mes amies avait ressenti une de ces douleurs qui l’avait plongée dans un tel désespoir que sa santé en avait été cruellement altérée. Les médecins lui avaient ordonné un long séjour dans les pays chauds : elle était partie. Dans les premiers temps elle m’avait adressé des lettres pleines d’une profonde tristesse qui m’apprenaient trop qu’elle n’était pas guérie de son fatal attachement. Cependant depuis plusieurs mois je n’en entendais plus parler, ses parens même n’en avaient que de rares nouvelles ; et ce fut sa visite que je